Anatomie de la chaussette – 1 : les techniques

 

J’ai eu envie de vous faire un petit mois de la chaussette sur le blog ! J’entends souvent des tricoteuses m’avouer qu’elles trouvent les chaussettes tricotées magnifiques mais que la complexité de la chose les effraie. J’ai eu envie de démystifier la chaussette car c’est vraiment un accessoire avec lequel l’on peut tester beaucoup de formes, de techniques, de couleurs.

On peut vraiment s’amuser avec des chaussettes car c’est petit, ça s’emmène partout et puis au pire, si vous vous ratez, gardez vos chaussettes pour chez vous ! Au mieux, sortez vos jolies chaussettes pour les montrer avec des pantalons courts, laissez-les sortir de vos bottines, mettez-les chez des gens qui vous demandent d’enlever vos chaussures chez eux, vous ferez des envieux !
Vous verrez c’est un peu une addiction, une fois que l’on commence, on ne peut plus s’arrêter tellement les possibilités sont multiples !
Attention, je ne me pose pas ici comme maîtresse ultime de la chaussette, j’ai tricoté 16 paires de chaussettes en 3 ans et je suis encore très loin d’avoir fait le tour de la question. Je vais juste essayer d’éclairer des débutantes et des débutants qui n’oseraient pas se lancer. Il s’agit aussi d’expliquer tous les termes qui peuvent faire partie de l’appréhension liée à ce type de tricot.
Il y aura trois articles pour ce mois de la chaussette, le premier va parler des différentes techniques de construction, le deuxième article parlera des laines à chaussettes et le troisième article sera une sélection de chaussettes de folie !

Généralités

Les chaussettes se tricotent la plupart du temps avec des petites aiguilles, du 2,5 mm au 3,5 mm mais il est aussi possible de tricoter des chaussettes avec des aiguilles grosses et de la laine plus épaisse. Cela ira bien plus vite mais ce ne sera pas toujours facile à enfiler avec des chaussures, ce sera plutôt pour des chaussettes d’intérieur ou des chaussons.
Pour vous donner une idée du temps passé sur une paire de chaussettes : avec des aiguilles de 2,5 mm, si je ne fais que ce projet et à raison d’une moyenne de 2 à 3 heures de tricot par jour, il me faut environ un mois pour faire une paire de chaussettes. Je précise que je ne tricote pas très vite, je ne suis pas passée à la méthode continentale et je tricote « à l’ancienne » en lâchant le fil pour le tourner autour de mon aiguille (et oui…).
La chose pratique avec le tricot de chaussettes c’est que l’on tricote peu de mailles à la fois, entre 50 et 70 mailles selon les pointures. Il est alors plus facile de rester concentré sur les motifs ou les techniques car elles se forment sur peu de mailles. C’est aussi un tricot qui s’emporte, qui ne prend pas de place et quand on dit « attend, je finis mon rang ! » cela ne prend pas 10 min comme pour certains châles ou vêtements.
Ce qui peut faire peur, c’est que les chaussettes sont tricotées en rond. Je crois que c’est à peu près obligatoire et cela me semble normal : qui voudrait d’une couture qui gène et qui fait mal sur sa chaussette ? On tricote donc un tube qui donnera la chaussette.
Il est possible de les tricoter avec des aiguilles double-pointes, on aura alors quatre aiguilles qui permettre de tricoter en rond (enfin en carré) ; ou avec une aiguille circulaire soit en magic-loop (on tricote toutes les mailles d’une aiguille puis toutes les mailles de l’autre aiguille), soit en continu avec des aiguilles circulaires avec un petit câble.
Pour certains modèles simples, il est possible de tricoter les deux chaussettes ensemble sur la même aiguille circulaire. Il faut alors un long câble et deux pelotes, c’est plus simple pour ne pas devenir fou avec les fils (j’ai testé). Cette technique est top car cela permet de ne pas avoir le « syndrome de la seconde chaussette », c’est-à-dire que l’on a terminé la première chaussette et vient la grosse flemme de faire la seconde chaussette puisque finalement, on va refaire exactement la même chose, sans vivre le frisson de la découverte. Avec cette technique, c’est aussi plus simple de faire des chaussettes complètement identiques, par les erreurs que l’on peut reproduire sur chacune ou par l’utilisation de la laine si l’on est un peu ric-rac.
Deux chaussettes sur la même aiguille circulaire

Le montage

Une chaussette peut se tricoter en commençant soit par les orteils (toe-up), soit par la cheville (cuff-down) pour la plupart du temps. Il y a aussi une méthode pour les commencer par le talon mais je ne peux pas vous en parler, je ne l’ai pas encore testée.
En partant des orteils, on va monter quelques mailles puis on va faire des augmentations jusqu’au talon. En partant des chevilles, on va monter plus de mailles, passer le talon pour réduire ensuite et assembler les orteils en couture invisible (grafting). Dans les deux cas, il faut faire attention à avoir des côtes bien élastiques soit avec un rabattage élastique, soit avec un montage élastique sinon vous risquez de ne pas pouvoir enfiler vos chaussettes au niveau du coup de pied.
C’est après, une question de goûts, il n’y a pas de méthode normale. Dans les deux cas, il est possible d’essayer sa chaussette en cours de route pour l’adapter si besoin. Je préfère la méthode en toe-up qui me permet de moduler selon ma laine (si c’est une chaussette « de restes » par exemple). Et la plupart du temps, je fais mes chaussettes plus courtes car les modèles vont trop haut à mon goût. Cette méthode est plus naturelle pour moi, je construis ma chaussette dans le sens « normal », comme je l’enfile.

Le talon

Pour le talon c’est pareil : il n’y a pas de bonne ou de mauvaise technique, c’est une histoire de goût !
Les talons les plus communs sont :
le talon à plat, on tricote le talon en aller-retour sur quelques mailles séparées du reste de la chaussette puis on fait des diminutions en tricotant ensemble une maille du talon et une maille du devant de la chaussette pour relier le talon ;
le talon en rangs raccourcis (wrap and turn), qui se tricote avec des mailles enroulées et des rangs raccourcis qui permettent de former l’arrondi du talon. C’est à mon sens le plus joli mais ce n’est pas forcément le plus facile ;
le talon afterthought, ou talon « après coup » qui se tricote après avoir terminé la chaussette en reprenant des mailles laissées en attente puis en diminuant les mailles pour finir par une couture invisible en grafting ;
le talon fish lips kiss heel, celui-là je vous avoue que je ne l’ai pas testé. J’en ai beaucoup entendu parler en bien mais il paraît qu’il y a vingt pages d’explication en anglais et ça me rebute un peu. Pourtant, d’après les photos, cela a l’air plutôt simple.
Ce sont pour moi les principales techniques de talon. Elles dépendent de ce que préfère le créateur ou la créatrice du patron mais elles sont facilement, interchangeables.
Reprendre les mailles pour le afterthought heel
Talon en wrap and turn
Talon à plat

 

Les orteils

Là encore, il y a plein de possibilités. La plupart du temps, les orteils sont une sorte de pyramide au bout tronqué. Il est possible de faire des orteils anatomiques, c’est-à-dire que les diminutions se feront majoritairement d’un côté afin de suivre les orteils (diminutions à droite pour le pied droit et à gauche pour le pied gauche). C’est peut-être plus confortable mais il faut être un peu plus réveillé le matin pour mettre sa chaussette sur le bon pied !
Vous pouvez également faire des chaussettes avec les orteils tricotés, soit pour isoler le gros orteil et ainsi pouvoir mettre des tongs avec ses chaussettes, soit vous pouvez tricoter chaque orteil séparément, comme des gants pour les pieds.
Orteils normaux
Orteils tabi

 

Voilà pour les techniques de base, il y a sûrement d’autres techniques que je ne connais pas encore, n’hésitez pas à m’en parler !
J’espère que cet article vous permet de comprendre un peu mieux comment se construisent les chaussettes et que cela vous permettra de sauter le pas !
8 commentaires Ajoutez les votres
  1. Quand même, 16 paires tu commence à maîtriser la question 🙂
    Mon homme me disais ce matin que ce serait pas mal si je lui en faisait une deuxième paire, vu ma patience, il les aura pour l'hiver 2019 🙂
    Gros bisous !

  2. merci pour cet article, depuis le temps que je veux me lancer. bon j'ai fait un premier pas. j'ai acheté la laine lol. manque les aiguilles circulaires pour tricoter la paire en même temps. autrement c'est clair faut que je sois unijambiste :p. la patience et moi … nous sommes pas bonnes amies 😉

  3. en fait le fish lips est une version améliorée du talon en rangs raccourcis. Et pas vraiment besoin de se taper les 20 pages. l'essentiel tient dans un paragraphe.

  4. Avoir la laine c'est un bon début ! Si elle est jolie ça motive bien ! Je confirme pour tricoter sur la même aiguille, ça semble plus rapide. Il faut que tu prennes une aiguille avec une câble bien long, cela pourra toujours te servir pour tricoter des pulls sans couture ensuite.

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